La réalisation d’un couteau débute toujours par le manche (sauf « exception ») ; c’est la matière naturelle qui va déterminer les proportions du couteau.

C’est ensuite à la forge que je confectionne la lame afin qu’elle s’adapte parfaitement au manche, ainsi, chaque pièce est unique.

Le travail de la corne
Seule la partie pleine est utilisée, c’est à dire la pointe.
Elle est d’abord redressée. Pour cela, la corne est trempée dans de l’huile d’olive chaude afin de la ramollir et de la nourrir. Elle est ensuite pressée à l’étau, séchée puis conservée une année avant de pouvoir être utilisée.
Ce temps de conservation est essentiel, en effet, certaines cornes ont tendance à vouloir reprendre leur forme initiale. Au bout d’un an, si la corne n’a pas bougé c’est qu’elle est prête à être travaillée. Sinon, il faut de nouveau la redresser et la laisser sécher.

Le travail du bois
Je choisis et récolte moi même mon bois.
Afin d’obtenir un veinage intéressant, je privilégie les départs de branches ou les nœuds.
Pour pouvoir travailler tout type de bois et garantir chaque pièce à vie, j’ai choisi de stabiliser mes manches.
Les morceaux de bois sélectionnés seront mis sous vide puis immergés (stabilisés) dans de la résine incolore. Celle-ci va venir saturer le bois. Ainsi, toutes les fibres naturelles restent naturelles mais tous les pores du bois sont comblés. Cette technique permet de conserver un toucher naturel tout en empêchant l’eau d’entrer dans le manche lors de l’utilisation du couteau et donc de faire gonfler ou fissurer le bois.

Que ce soit pour la corne ou pour le bois, la forme est ensuite retravaillée au backstand (bande abrasive entraînée par un moteur), puis entaillée pour pouvoir par la suite accueillir la lame.
Quand le manche est bien avancé, le travail de l’acier peut commencer.

La forge
Pour les couteaux de berger « classiques » je travaille principalement de l’XC75 un acier parfait pour la coutellerie puisqu’il est assez dur pour assurer un bon tranchant tout en étant assez souple pour faciliter l’aiguisage.

Les lames sont forgées à la forge à gaz, plus précise que les forges à charbon pour les températures de chauffe. Le travail se fait à l’enclume et au marteau.

L’ émouture
C’est la différence d’épaisseur entre le dos de la lame et le tranchant. Je réalise principalement des émoutures en creux. Celles-ci sont amorcées à la forge et terminées au backstand

Le guillochage
Certaines pièces sont guillochées. Pour cela, je coince la lame dans un étau, tranchant vers le bas, et viens, à la lime, creuser l’acier pour faire apparaître sur le dos des lames des motifs à la manière d’un sculpteur.

L’ajustage
C’est la partie où lame et manche se rencontrent. Chaque lame a été forgée en fonction d’un manche, pour que cette rencontre soit parfaite, quelques ajustages sont nécessaires.

La trempe
Afin de garantir de bonnes qualités mécaniques à la lame (dureté et souplesse) il est nécessaire de tremper l’acier. Je trempe à l’huile.  Seul le tranchant de la lame et  chauffé puis trempé dans l’huile. On appelle cela une trempe sélective.

Le polissage
Afin d’obtenir un tranchant net et brillant, celui-ci est poli avec différentes polisseuses .
D’abord au grain gros puis de plus en plus fin pour éviter les rayures et assurer des finitions de qualité.

Le revenu
Après une trempe sélective il est essentiel d’effectuer un revenu au four. Celui-ci  permet d’augmenter la résilience des lames.
Les lames sont enfournées à 220°C pendant 1h (cela peut varier suivant les aciers).

L’assemblage
La lame et le manche sont prêts, ils peuvent désormais être assemblés.
Le montage traditionnel est un montage à deux rivets. Le premier permet à la lame de s’ouvrir et de se fermer. Le second est une butée pour éviter au dos de la lame de pouvoir toucher le manche.
Attention, il ne s’agit pas d’un cran d’arrêt.

L’aiguisage
A la sortie de l’atelier chaque lame est éguisée « rasoir » c’est à dire qu’on pourrait se raser avec, au sens propre !

Les finitions
Nettoyage, graissage et vérifications. Cette étape minutieuse est essentiellement pour garantir un fini de qualité.

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